En ces temps marqu\u00e9s par la pand\u00e9mie et ses cons\u00e9quences, beaucoup de choses ont \u00e9t\u00e9 dites et \u00e9crites sur la gestion des risques.<\/em><\/p>\n\n\n\n Vous le savez sans doute, personne au monde n\u2019aurait pu pr\u00e9voir ce qui est arriv\u00e9, et on ne parle plus de risques, mais plut\u00f4t d\u2019incertitudes<\/em><\/p>\n\n\n\n Sachant que le risque correspond \u00e0 des \u00e9v\u00e9nements connus, r\u00e9p\u00e9t\u00e9s \u00e0 l\u2019identique, avec des statistiques, lesquelles deviennent des probabilit\u00e9s, dont on se sert pour anticiper l\u2019avenir<\/u> et que l\u2019incertitude correspond \u00e0 un futur dont la distribution d\u2019\u00e9tats est non seulement inconnue, mais impossible \u00e0 conna\u00eetre\u2009!<\/em><\/p>\n\n\n\n La probl\u00e9matique est donc li\u00e9e \u00e0 la nature in\u00e9dite du ph\u00e9nom\u00e8ne auquel on est confront\u00e9.<\/em><\/p>\n\n\n\n Il n\u2019emp\u00eache que tout ceci nous a tous sensibilis\u00e9s \u00e0 chercher \u00e0 avoir une meilleure gestion des risques, en tous cas \u00e0 y travailler au mieux.<\/em><\/p>\n\n\n\n Habituellement, je partage avec mes apprenants en gestion de projet une gestion de risque classique en s\u2019aidant de la matrice de Farmer, d\u2019un formulaire d\u2019\u00e9valuation et d\u2019une matrice de r\u00e9ponse. <\/em><\/p>\n\n\n\n Dans ce contexte, je partage avec vous un bel article paru sur le \u00ab\u2009Harvard Business Review\u2009\u00bb <\/strong>traitant du sujet et proposant une m\u00e9thode int\u00e9ressante en esp\u00e9rant que tout un chacun saura (et pourra) s\u2019en inspirer le moment venu<\/em><\/p>\n\n\n\n Cette approche offre une \u00ab\u2009check list\u2009\u00bb au manager afin de lui permettre de prendre une d\u00e9cision dans l\u2019urgence en mesurant son caract\u00e8re \u00ab raisonnable \u00bb<\/strong> en y incluant la dimension \u00e9thique appel\u00e9e m\u00e9thode PRISME, et est illustr\u00e9e par un cas r\u00e9el et v\u00e9cu par Mr Alexis Rougier.<\/em><\/p>\n\n\n\n Contexte :<\/u><\/strong> En janvier 2017, le Chili est ravag\u00e9 par les pires feux de for\u00eat de son histoire. 300\u2009000 hectares sont d\u00e9truits en un peu plus d\u2019une semaine. La presse d\u00e9crit \u00e0 l\u2019\u00e9poque une r\u00e9alit\u00e9 apocalyptique. Alors que l\u2019aide internationale commence \u00e0 se mobiliser, le Pr\u00e9sident fran\u00e7ais propose \u00e0 son homologue, Michelle Bachelet, d\u2019apporter une contribution \u00e0 l\u2019effort humanitaire. D\u00e9cision est prise d\u2019affr\u00e9ter dans l\u2019urgence un Boeing 767 pour convoyer rapidement jusqu\u2019au Chili hommes et mat\u00e9riels de lutte contre les incendies. Le matin m\u00eame de la mission, il m\u2019est demand\u00e9, en tant que commandant de la base d\u2019Istres, s\u2019il est possible d\u2019y poser cet avion dans la nuit, pour red\u00e9coller rapidement une fois charg\u00e9.<\/p>\n\n\n\n Or la piste, aussi grande et op\u00e9rationnelle soit-elle, n\u2019est \u00e0 l\u2019\u00e9poque pas homologu\u00e9e pour accueillir, de nuit, ce type d\u2019a\u00e9ronefs. Le probl\u00e8me est connu. Des travaux sont en cours pour corriger les quelques d\u00e9fauts qui subsistent : en l\u2019occurrence, des obstacles. En effet, en cas de sortie de piste \u00e0 l\u2019atterrissage, les abords doivent \u00eatre totalement d\u00e9gag\u00e9s, ce qui n\u2019est pas encore le cas. Sur la piste la plus grande d\u2019Europe, longue de 5000 m\u00e8tres, l\u2019enjeu est de taille.<\/p>\n\n\n\n L\u2019a\u00e9rodrome n\u2019\u00e9tant pas, pour ce type d\u2019avions, en totale conformit\u00e9 avec les textes civils, je demande \u00e0 pouvoir d\u00e9caler la mission de quelques heures. Car les normes, malgr\u00e9 tout, permettent de poser l\u2019avion de jour. Mais je me vois r\u00e9pondre que la mission est trop urgente. Je propose de d\u00e9router l\u2019avion \u00e0 Marseille. Mais le site d\u2019Istres offre, dans ce cas pr\u00e9cis, une souplesse de chargement, et donc une rapidit\u00e9 pr\u00e9cieuse, au vu de la quantit\u00e9 de mat\u00e9riel \u00e0 charger. En tant que directeur d\u2019a\u00e9rodrome, je suis responsable de la s\u00e9curit\u00e9 a\u00e9rienne. En cas d\u2019accident, je porte la majeure partie de la responsabilit\u00e9 si des dysfonctionnements sont mis en \u00e9vidence lors d\u2019un \u00e9ventuel proc\u00e8s. Je dois donc d\u00e9cider, dans l\u2019incertitude de l\u2019urgence, si j\u2019accepte d\u2019autoriser l\u2019atterrissage de l\u2019avion.<\/p>\n\n\n\n Timor\u00e9 ou t\u00e9m\u00e9raire\u2009?<\/p>\n\n\n\n Ce cas illustre parfaitement le genre de dilemmes auxquels sont parfois confront\u00e9s les cadres et les dirigeants, face \u00e0 l\u2019impr\u00e9vu et en p\u00e9riode de crise. Doivent-ils syst\u00e9matiquement respecter les r\u00e8gles, au risque d\u2019\u00eatre paralys\u00e9s\u2009? Agir au nom de l\u2019utilit\u00e9, au risque de se placer en dehors de la norme\u2009? Aujourd\u2019hui, les exigences de performance, d\u2019une part, et l\u2019accumulation des normes et des lois, d\u2019autre part, rendent ces situations de plus en plus courantes et inconfortables. Confront\u00e9s \u00e0 ces situations d\u2019urgence, les d\u00e9cideurs se sentent comme \u00e9cartel\u00e9s.<\/p>\n\n\n\n Deux profils de managers \u00e9mergent alors. D\u2019un c\u00f4t\u00e9, le \u00ab\u2009timor\u00e9\u2009\u00bb, qui consid\u00e8re qu\u2019il vaut mieux le bruit sec du parapluie qui s\u2019ouvre plut\u00f4t que le bruit sourd d\u2019une carri\u00e8re qui s\u2019effondre. \u00c0 la question pos\u00e9e, il aurait certainement r\u00e9pondu par la n\u00e9gative, en raison des r\u00e8glements qui l\u2019en emp\u00eachent. Ce type de leadership aboutit inexorablement \u00e0 ce que plus rien n\u2019avance. De l\u2019autre c\u00f4t\u00e9, le \u00ab\u2009t\u00e9m\u00e9raire\u2009\u00bb, qui pense que les normes sont des freins \u00e0 l\u2019action, que diriger exige d\u2019avoir de la chance, que le risque de crash est faible et qu\u2019il convient donc d\u2019accepter, et ce sans approfondir la r\u00e9flexion.<\/p>\n\n\n\n La m\u00e9thode Prisme<\/p>\n\n\n\n Il existe pourtant une troisi\u00e8me voie, une forme de point d\u2019\u00e9quilibre entre ces deux \u00e9cueils. Au-del\u00e0 de toute la litt\u00e9rature abondante sur le sujet de la ma\u00eetrise des risques, cet article propose un outil d\u2019aide \u00e0 la d\u00e9cision baptis\u00e9 \u00ab\u2009Prisme\u2009\u00bb (pour \u00ab\u2009Prise de RISque Mesur\u00e9e\u2009\u00bb). Ce proc\u00e9d\u00e9 offre une solution rapide et efficace pour mesurer le caract\u00e8re \u00ab\u2009raisonnable\u2009\u00bb de la d\u00e9cision quand l\u2019urgence ne permet pas de r\u00e9aliser une \u00e9tude de risque exhaustive.<\/u><\/strong> Elle permet, dans l\u2019incertitude de la crise, de d\u00e9cortiquer rapidement la probl\u00e9matique comme un prisme d\u00e9compose la lumi\u00e8re en diff\u00e9rentes radiations color\u00e9es. Il s\u2019agit d\u2019analyser le probl\u00e8me pos\u00e9 au travers de sept questions fondamentales.<\/p>\n\n\n\n Voici en quoi consiste la m\u00e9thode Prisme, appliqu\u00e9e au cas de ce Boeing\u00a0767.<\/p>\n\n\n\n <\/p>\n\n\n\n